L'Union TLF s'est mobilisée pour la journée de la filière transports de marchandises et logistique de France Logistique
Ce jeudi 9 novembre se tenait à l’Assemblée nationale la « Journée de la filière transports de marchandises et logistique » organisée par France Logistique, dont l’Union TLF est membre fondateur. 200 représentants des acteurs publics et privés se sont réunis pour aborder la question centrale de la planification écologique du secteur.
En ouverture des débats, la Présidente Anne-Marie Idrac et le député Bruno Millienne, qui parrainaient cette journée, ont souligné l’importance de ces échanges pour un secteur essentiel à la vie économique et sociale de notre pays.
La députée Marie Lebec a mis en avant le rôle de la logistique dans le développement industriel de notre pays et a insisté sur la nécessité de lutter contre les recours abusifs à l’implantation qui freinent l’accès au foncier logistique.
1ère table ronde : les évolutions de la demande de transports
Selon le directeur général de Terra Nova, Thierry Pech, la demande de transport va évoluer de manière systémique avec les évolutions sociétales (développement de l’économie circulaire, évolution des logiques d’étalement urbain, raréfaction du foncier).
Pour Noémie Chocat, Directrice de la stratégie de Saint-Gobain, la demande de transport évoluera avec la décarbonation et le développement de l’économie circulaire. Elle a appelé de ses vœux un cadre réglementaire plus lisible et pérenne, en citant notamment les difficultés liées aux Zones à Faible Emission (ZFE).
Le directeur des achats Transports d’Arcelor-Mittal Europe, Liem Hazoume, a quant à lui insisté sur la nécessité de développer le fret ferroviaire et notamment de maintenir les wagons isolés ainsi que de densifier le réseau ferroviaire sur la partie ouest du pays. Il également évoqué les conséquences potentielles du mécanisme d’ajustement carbone au frontière qui pourrait améliorer la concurrence entre les opérateurs.
2ème table ronde : la planification des espaces logistiques
Le député Charles Fournier a fait un point d’étape sur la mission d’information sur les entrepôts XXL en cours avec la députée Sandra Marsaud, pour laquelle l’Union TLF a été auditionnée. Il a partagé l’idée de planification du foncier logistique portée par France Logistique et ses membres.
Estelle Hassen, Directrice Environnement d’AConstruct, a confirmé la pénurie de foncier logistique en rappelant les chiffres de l’AFILOG sur les taux de vacances, inférieurs à 2% dans de nombreuses régions.
Yannick Buisson, Chief Customer Experience, Sustainable Development, Business Solutions & technologies Officer chez FM Logistics et président du Conseil Supply Chain de l’Union TLF, a rappelé combien la logistique était indispensable à la vie économique et écologique du pays et à nos territoires. Il a dénoncé les caricatures existantes et présenté les difficultés auxquelles sont confrontées les logisticiens. Les entrepôts doivent être situés au barycentre des flux de transport quand la tension sur le foncier logistique est au plus haut. Il est nécessaire de favoriser l’émergence d’entrepôts permettant de massifier les flux mais ce développement est limité compte-tenu des fréquentes oppositions des élus locaux et/ou des riverains. Enfin, il a rappelé l’importance de l’’optimisation des chargements, valeur ajoutée des professionnels du secteur.
Thomas San Marco, Président de Medlink Ports, a souligné la place centrale de la logistique pour une région comme l’Auvergne-Rhône-Alpes. Et les difficultés liées à la pénurie du foncier le long du fleuve, qui est pourtant un axe important pour massifier les flux de transport. Il a également mis en lumière l’importance de renforcer la fluidité du report modal, notamment dans les ports.
Francis Vercamer, maire d’Hem et Vice-Président de la métropole européen de Lille, a décrit la situation centrale de sa région par rapport aux flux de transport, y compris venant de l’étranger. Il est revenu sur les contraintes qui pèsent sur le transport et de la logistique : Zéro Artificialisation Nette (ZAN), friches industrielles non exploitables pour de la logistique, et opposition de principe des décideurs publics ou locaux.
Interventions
Antoine Pellion, Secrétaire Général à la Planification Ecologique (SGPE), a présenté l’état des lieux des travaux qu’il mène auprès de la Première ministre Elisabeth Borne. La planification écologique doit permettre de décrire un chemin réaliste pour baisser les émissions de gaz à effet de serre et mieux gérer les ressources naturelles, en conciliation avec la croissance économique. Pour le transport, elle passera par un recours, a minima transitoire, aux biocarburants pour les flottes de véhicules même si l’électrique devrait devenir largement majoritaire à terme.
Le ministre Clément Beaune a salué le rôle de France Logistique et de ses membres. Il a rappelé la nécessité de déployer des calendriers réalistes et harmonisés pour les ZFE et plaidé pour une meilleure régulation des aires de livraison pour améliorer la logistique urbaine. Un comité interministériel de la logistique (CILOG) se tiendra d’ici à la fin de l’année pour avancer sur l’ensemble des sujets structurants de la filière.
Le ministre Roland Lescure a rappelé l’importance du couple industrie logistique et la similarité des enjeux. Il est revenu sur la publication récente de la loi relative à l’industrie verte qui contient de nombreuses dispositions en faveur de la simplification administrative et de l’accélération des procédures. Le ministre est également revenu sur les annonces liées au lancement du recensement de 50 nouveaux sites clés en main France 2030, qui représenteront environ 2000 hectares qui permettront de répondre à environ 10% des besoins de nouveau foncier lié à la réindustrialisation de notre pays. Il a indiqué que l’enveloppe budgétaire de soutien à l’acquisition de poids lourds électriques augmenterait sensiblement en 2024.
3e table ronde : la transition énergétique des transports dans le temps
Pierre De Firmas, directeur de la mobilité électrique d’Enedis, a appelé de ses vœux un travail de concert avec les transporteurs pour avancer dans la décarbonation des flottes et modéliser l’impact de l’électrification du secteur sur les réseaux. ENEDIS anticipe que 40% du parc de véhicule léger (particulier et VUL) sera électrifié en 2035. Les prévisions sont plus incertaines sur le transport longue distance.
Noémie Feldbauer, directrice de la Transition énergétique chez Heppner, adhérent de l’Union TLF, a rappelé qu’un véhicule électrique coûtait aujourd’hui en moyenne trois fois plus cher qu’un camion Diesel. Elle sollicite une simplification des mécanismes de subvention existants en France (les comparant avec l’Allemagne qui finance directement 80% du surcoût) et la mise en place d’incitations pour les entreprises les plus vertueuses. Autant de demandes portées par l’Union TLF.
Olivier Storch, directeur général adjoint chez CEVA Logistics, adhérent de l’Union TLF, estime que la demande de transport ne devrait pas diminuer mais que le secteur doit se préparer à de nouvelles contraintes, liées à la transition énergétique et aux évolutions réglementaires. Selon lui, la massification et l’évolution des motorisations sont des conditions préalables au verdissement du fret. Enfin, il relève que transporteurs ne pourront pas seuls supporter le coût de cette transition : ils doivent être accompagnés.
Pour Laurent Galle, dirigeant du groupe Noblet, les incohérences des politiques publiques génèrent l’attentisme des acteurs. Le mix énergétique doit être préservé pour réussir la transition.
Interventions
Le Président du MEDEF, Patrick Martin, a souligné son attachement aux enjeux de notre secteur essentiel pour notre économie, l’attractivité du pays, l’emploi et l’aménagement du territoire. Les questions de compétences, de digitalisation et de transition écologique sont au cœur des problématiques de la filière. Il a dénoncé des décisions publiques inopérantes (ZFE, ZAN) qui, faute d’une réelle étude d’impact préalable et de concertation avec les acteurs économiques, aboutissent au résultat inverse de celui recherché.
Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, a salué la dynamique engagée entre les acteurs publics locaux tels que représentés au sein de France Urbaine et les acteurs privés. Ces travaux et comités de liaison qui sont organisés depuis peu permettent une meilleure prise de conscience des sujets, comme on le voit en ce moment avec les ZFE et le ZAN.
Agnès Grangé, directrice générale adjointe de Geopost, a présenté les enjeux de décarbonation de son groupe. Elle a regretté qu’il n’existe pas d’autorité compétente unique identifiée sur les sujets de logistique urbaine. Elle a également souligné le développement du marché C to C qui aura un impact sur l’évolution de la demande de transport.
François Dagnaud, Président de Sogaris et maire du 19ème arrondissement de Paris, a partagé les difficultés liées à la rareté du foncier, à l’acceptabilité par les riverains des sites logistiques et aux contraintes réglementaires.
Les animateurs des comités de liaison de logistique urbaine des collectivités locales, le Sénateur Franck Dhersin et celui des acteurs économiques, Philippe Barbier (Président de la CGF), ont présenté les attentes qui seront formulées auprès du ministre Clément Beaune prochainement (ZFE, mix énergétique, évolution des aires de livraison et foncier).
Conclusion de la Présidente Anne-Marie Idrac
La Présidente de France Logistique a tenu à souligner en fin de journée :
- L’engagement du secteur pour s’inscrire dans une transition vertueuse,
- La qualité des échanges qui reflète la volonté de France Logistique d’organiser les échanges de vue entre les acteurs publics et privés pour faire avancer conjointement toute la filière,
- Les nombreuses incertitudes qui demeurent pour les transporteurs et logisticiens, mais qui sont autant de pistes pour innover !
Dans la perspective du futur CILOG qui se tiendra avant la fin de l’année, elle a également rappelé les attentes du secteur et notamment une plus grande harmonisation des ZFE et des soutiens renforcés et simplifiés d’aides pour l’acquisition de véhicules électriques.