Assemblée Générale de l’Union TLF, retour sur l’édition du 26 juin 2025
« Nos entreprises ne demandent ni privilèges, ni statut particulier. Elles demandent un cap ! »
Jean-Thomas Schmitt, Président de l’Union TLF.
Le 26 juin 2025, l’Union TLF a rassemblé ses membres, partenaires et l’ensemble de l’écosystème transport et logistique à l’occasion de son Assemblée Générale annuelle, organisée au Pavillon d’Armenonville.
Cette édition a été rythmée par trois tables rondes dédiées aux grands enjeux de la filière, une intervention éclairante de Philippe Dessertine, économiste et conférencier, sur les perspectives économiques dans un contexte mondial sous tension, ainsi que les prises de parole de Jean-Thomas Schmitt, Président de l’Union TLF et le discours de clôture de Philippe Tabarot, ministre des Transports.
Retour en images sur cette journée d’échanges et de partages
Table ronde 1 : Transport de marchandises
Participants :
- Éric Bonnac, Président de WARNING GROUP ;
- Loïc Chavaroche, Co-président de la Commission Logistique urbaine de l’Union TLF et Directeur Qualité, Sécurité, Sûreté, Environnement du Groupe STERNE ;
- Philippe Cuoc, Directeur général du Groupe JACKY PERRENOT
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Table ronde 1 : Transport de marchandises
Loïc Chavaroche revient sur le manque de stabilité et de visibilité règlementaires et législative : ZFE (Zones à Faibles Émissions), ZTL (zones à trafic limité), réglementations locales et régionales constituent un ensemble disparate qui freine la compétitivité.
Il présente un secteur en pleine réinvention, engagé vers la décarbonation, mais freiné par des coûts élevés non supportables par les seuls transporteurs. Il appelle à un cadre réglementaire stable et une stratégie à 10-15 ans, soulignant que le transport routier de marchandises (TRM) n’est pas le principal pollueur, mais subit les critiques. Il insiste sur l’importance d’un mix énergétique adapté aux typologies de transport. Le TRM est un pilier économique et doit renforcer sa résilience face aux crises climatiques tout en offrant de vraies perspectives de carrière.
Philippe Cuoc insiste sur le rôle vital du transport dans l’économie, affirmant que la décarbonation est un engagement déjà pris par les transporteurs, mais qui exige une stabilité réglementaire et de la visibilité à long terme. Il critique la fluctuation des normes et appelle à un partage des risques avec les clients pour les nouveaux investissements. Il alerte aussi sur le manque d’attractivité du secteur, qui souffre d’une image dégradée, et souligne l’enjeu crucial de l’investissement dans le numérique et l’intelligence artificielle. Il plaide pour des incitations économiques plus réalistes.
Éric Bonnac mets en lumière les difficultés du transport léger, notamment liées à la concurrence du co-transportage non régulé autorisé depuis la loi LOM. Des milliers de magasins ont basculé de la livraison à des solutions de ce type, ce qui représente une difficulté majeure pour les professionnels du transport. Il souligne les efforts de décarbonation via des solutions adaptées aux contextes urbains. Il rappelle que la livraison a un coût réel, souvent mal perçu par le grand public.
Table ronde 2 : Logistique
Participants :
- Cyril Barbe, Senior Vice-president Contract Logistics & Integrated Solutions Cluster France & Maghreb chez DB SCHENKER ;
- Patrick Labarre, Président chez AMAZON LOGISTIQUE FRANCE ;
- Emmanuel Vexlard, Directeur Général Adjoint Opérations chez ID LOGISTICS GROUP.
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Table ronde 2 : Logistique
Émmanuel Vexlard revient sur la jeunesse de la filière logistique (environ 30 ans) mais qui représente 2 millions d’emplois avec une augmentation de 20 % entre 2019 et 2023 et fait 10 % du PIB. et insiste sur la nécessité d’être attractif et de modifier l’image de la logistique. L’entrepôt joue un vrai rôle d’intégration dans le monde du travail, avec des emplois qualifiés et des opportunités de développement pour tous les profils.
Il ajoute qu’aujourd’hui, le secteur travaille sur la formation et la promotion interne, chez ID Logistics, 70 % des managers sont issus du terrain. Un autre point important, c’est tout le travail fait sur l’amélioration des conditions de travail. En 5 ans, le secteur a baissé 40 % des accidents du travail en agissant sur l’ergonomie du poste, sur la pénibilité, etc.
Patrick Labarre estime que la logistique présente bien des atouts pour attirer. Les emplois dans la filière sont durables avec une ancienneté moyenne de sept ans. La logistique est une porte vers l’emploi et la qualification car elle accueille tous types de profils, dont des personnes peu ou pas qualifiées. Par ailleurs, les employeurs investissent fortement dans les actions de formation, trois jours en moyenne par an chez Amazon.
Il insiste sur l’importance de simplifier les procédures (et non les complexifier davantage comme dans le projet de loi simplification qui étend l’autorisation d’exploitation commerciale aux entrepôts) et de réduire les délais de recours pour faciliter les implantations.
Cyril Barbe sur l’attractivité du secteur mentionne qu’il y a également un gros investissement dans la formation et la mise en œuvre systématique d’un parcours d’intégration des salariés chez DB Schenker.
Il est revenu sur les difficultés liées à l’incertitude du cadre réglementaire avec l’exemple du retraitement des batteries et du développement de l’économie circulaire. La réglementation actuelle n’est pas adaptée à la réutilisation des batteries et freine les développements quand une vision de long terme est indispensable.
Table ronde 3 : Overseas et intermodalité
Participants :
- Philippe de Crécy, Vice-président de TLF Overseas et Vice-Président Europe Directeur des Affaires Publiques de CEVA LOGISTICS ;
- Anne-Sophie Fribourg, Co-Présidente de la Commission Maritime de TLF Overseas ;
- Badre Kabbaj, Vice-président de la Commission Douane de TLF Overseas et Directeur Douane & Transport chez ACTE INTERNATIONAL ;
- Frédéric Mercier, Vice-président de la Commission Aérienne de TLF Overseas et Président du Directoire de MATHEZ FREIGHT.
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Table ronde 3 : Overseas et intermodalité
Anne-Sophie Fribourg a mis en lumière l’impact des bouleversements géopolitiques, notamment la politique du Président Trump, sur l’équilibre des chaînes logistiques mondiales. Elle souligne l’effet domino sur les autres trades avec notamment l’émergence de nouveaux pays de sourcing, en particulier en Asie du Sud, conséquence des droits de douane imposés à la Chine.
Philippe de Crécy indique qu’il est essentiel de développer l’intermodalité dans les ports français, qui accusent un retard par rapport aux autres ports du Range Nord. Pour y remédier, il convient de respecter le triptyque « fréquence, régularité, fiabilité » et de renforcer l’offre de transport routier du dernier kilomètre afin d’améliorer la fluidité et la compétitivité logistique.
Badre Kabbaj a rappelé que la douane constitue aujourd’hui un enjeu stratégique majeur. Il a attiré l’attention sur les évolutions réglementaires européennes à venir, notamment la réforme du Code des douanes de l’Union, qui aura un impact significatif sur les pratiques du secteur et l’évolution du métier de représentant en douane enregistré.
Frédéric Mercier, préconise un changement de paradigme : face à l’instabilité croissante, il ne s’agit plus de viser l’hyper performance, mais de construire des chaînes logistiques robustes, capables de s’adapter durablement et de manière fiable.
Intervention de Julien Dorieux, Directeur Commercial Courtage – KLESIA
Julien Dorieux, Directeur Commercial Courtage chez notre partenaire KLESIA est intervenu pour présenter l’actualité du Groupe et de Carcept Prev :
- Simplification des démarches en retraite complémentaire via la DSN et accompagnement des salariés par un appel systématique à la liquidation de leurs droits à la retraite ;
- Accompagnement des entreprises du secteur en assurance de personnes.
Présentation de la conjoncture économique du secteur transport et logistique par Christophe Marques, Délégué aux Affaires Économiques & Fiscales de l’Union TLF.
Il a introduit la séquence économique par une présentation synthétique du contexte économique national et sectoriel. Appuyé sur les dernières données conjoncturelles, il a livré une analyse structurée pour le transport de marchandises, la logistique et les activités Overseas, offrant aux participants un éclairage chiffré et opérationnel sur les défis que traverse la filière.
Intervention de Philippe Dessertine, conférencier et économiste !
L’intervention de Philippe Dessertine, économiste et directeur de l’Institut de Haute Finance, a apporté un éclairage sur les mutations économiques de long terme et les enjeux de souveraineté logistique. À travers son analyse des déséquilibres mondiaux, il a souligné la nécessité d’un investissement massif dans les infrastructures, au service de la réindustrialisation des territoires. Il a également rappelé que le transport et la logistique constituent le système sanguin de l’économie, indispensables à sa vitalité, à sa cohésion et à sa résilience. Sa prise de parole a également permis de restituer le transport et la logistique comme leviers majeurs de résilience dans un contexte de tensions géopolitiques.
Discours de Jean-Thomas Schmitt, Président de l’Union TLF
Dans son discours, en présence du ministre des Transports, Philippe Tabarot, Jean-Thomas Schmitt a rappelé avec force l’importance stratégique du secteur du transport et de la logistique pour notre pays :
- Un secteur qui représente 10 % du PIB, au cœur des besoins de l’économie, véritable levier d’emploi et de mobilité sociale ;
- Un acteur clé du désenclavement des territoires et du développement de l’emploi local ;
- Une filière aujourd’hui confrontée à de graves difficultés : plus de 2 200 défaillances d’entreprises, un niveau inédit depuis les années 1990 ;
- Un environnement de plus en plus contraint par les réglementations et les risques de nouvelles taxes mettant hors-jeu le pavillon français.
Face à ces défis, l’Union TLF reste pleinement mobilisée pour défendre la compétitivité des entreprises. À un moment où le secteur vit une période difficile, il y a lieu de se mobiliser :
- Sur les enjeux normatifs, le secteur a besoin de stabilité (revoir la copie sur les ZFE, le ZAN, extension des autorisations avec le projet de loi sur la simplification de la vie économique) ;
- Sur les enjeux de fiscalité, celle-ci ne doit pas être alourdie (trajectoire de la fin de remboursement de la TICPE, Tascom, écotaxe…)
- Sur les externalités positives : mettre en avant les effets positifs du secteur, convaincre et expliquer les fondamentaux de nos métiers.
Jean-Thomas Schmitt a conclu son intervention en remerciant Philippe Tabarot, ministre des Transports, pour sa présence, ainsi que l’ensemble des participants venus nombreux.
Discours de clôture de Philippe Tabarot, ministre des Transports
« Faire du transport et de la logistique un levier de transition écologique, mais aussi de performance économique et de souveraineté. Faire du transport français, une référence à la fois en Europe et pourquoi pas dans le monde. »
Invité d’honneur de cette édition, le ministre délégué chargé des Transports, Philippe Tabarot, a tenu à souligner le rôle central du transport et de la logistique dans l’économie française, en insistant sur la nécessité de garantir aux entreprises un cadre d’action plus stable, lisible et cohérent, notamment dans la mise en œuvre des politiques environnementales.
Son intervention s’est structurée autour de trois priorités : attractivité, décarbonation et la digitalisation.
Face aux représentants de la filière, il a notamment évoqué :
- ZFE : c’est « une mesure pas bien conçue, mal expliquée et difficile à mettre en œuvre ». Il plaide pour remise à plat du calendrier et des obligations, dans un esprit de pragmatisme, « pour garantir une transition réaliste, fondée sur les capacités réelles d’investissement des entreprises ».
- Fiscalité environnementale : une clarification attendue des dispositifs d’écotaxes régionales, aujourd’hui disparates, au nom d’une meilleure lisibilité et équité entre les modes.
- Verdissement : un soutien confirmé à un mix énergétique cohérent. « L’électrification est un levier primordial », a déclaré le ministre, tout en défendant la prise en compte d’autres énergies investies par les entreprises (GNV, bioGNV, B100), qui « doivent pouvoir continuer à fonctionner et être aidées ».
- Implication des donneurs d’ordres : « La réussite de cette transformation ne peut reposer sur les seuls transporteurs. Elle suppose l’engagement de toute la chaîne logistique », a-t-il insisté, alors que ce point est actuellement étudié au sein de la conférence de financement des mobilités.
- Infrastructures de recharge : élargissement souhaité du programme Advenir aux bornes à destination et en itinérance, en complément du déploiement sur les dépôts.
Une prise de position attendue, qui devra désormais se traduire dans les arbitrages à venir.
Merci au ministre Philippe Tabarot pour sa présence. L’Union TLF restera un partenaire exigeant et constructif pour renforcer la compétitivité de la chaîne logistique française.
La journée s’est terminée avec un moment convivial partagé avec tous les participants.
Merci à nos partenaires pour leur participation !
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Stratégies Logistique : AG de l’Union TLF : face à l’insécurité juridique, la création d’emplois valorisée
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Consultez le communiqué de presse post AG de l’Union TLF
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