Retour sur la 3e journée de la filière logistique et transport de marchandises
Ce jeudi 21 novembre, se tenait la 3e édition de la « Journée de la filière transports de marchandises et logistique », organisée par France Logistique, dont l’Union TLF est membre fondateur. Les représentants des acteurs publics et privés se sont réunis pour échanger sur le thème « Les horizons de la logistique : économie, écologie et territoires ».
« L’enjeu de la filière, c’est d’être une chaîne ! »
Anne-Marie Idrac, Présidente de France Logistique
Participants :
- Thomas Courbe, Directeur Général des Entreprises
- Olga Givernet, ministre de l’Énergie
- François Durovray, ministre des Transports
Thomas Courbe a évoqué la nouvelle feuille de route pour 2025/2026 et rappelé la continuité de l’engagement de l’Etat sur les sujets logistiques.
Il est revenu sur trois points d’attention :
- l’électrification des flottes de la logistique qui nécessite de mobiliser toutes les modalités de verdissement (PL électriques) ;
- les contraintes foncières : l’enquête de France Logistique montre que les questions d’accès au foncier et d’immobilier sont parmi les plus importantes pour le développement de la logistique. Il est nécessaire de construire de nouveaux outils pour répondre à ces enjeux. Il a évoqué une planification foncière de la logistique pour positionner le bon entrepôt au bon endroit ;
- concernant les contentieux, l’objectif est de réduire les délais de jugement des contentieux sur les permis de construire et les autorisations environnementales.
Olga Givernet, ministre de l’Énergie, a fait le lien entre le transport et l’énergie.
Elle a insisté sur la nécessité de transformer l’économie et rappelé les objectifs de neutralité carbone à horizon 2025.
Pour décarboner, il est nécessaire de maîtriser :
- les coûts : l’énergie doit être la moins coûteuse possible ;
- la production : nos moyens de production doivent pouvoir répondre aux besoins énergétiques de l’ensemble des filières ;
- notre consommation : objectif réduction de 30 %.
Si l’électrification véhicules lourds est à un stade émergent, elle rappelle qu’il faut garder les objectifs pour 2030.
François Durovray, ministre des Transports, est revenu sur le rapport Daher/Hémar qui a permis de mettre en lumière le secteur. Il a salué le parcours réalisé par France Logistique depuis 5 ans pour faire émerger les sujets de notre filière dans le débat publique.
Concernant la feuille de route 2025/2026, il a indiqué que la place particulière des ports et aéroports devait être confortée et insisté sur leur rôle pour que la France puisse accueillir des flux logistiques plus important.
Il a rappelé la nécessité d’organiser la logistique le long de cours d’eau qui n’accueillent pas suffisamment de flux alors qu’ils disposent d’une capacité très importante (axe Rhône-Saône et rôle possible du Rhin).
Enfin, il a souligné l’importance d’augmenter la part modale des modes massifiés, ferroviaires et fluviaux et est revenu sur les enjeux de décarbonation du transport routier et le soutien de l’Etat pour l’acquisition des véhicules décarbonés.
Participants :
- Matthias Fekl, Président d’ICC France, associé fondateur Audit Duprey Fekl et Equanim international
- Laurent Livolsi, Professeur des universités, Aix-Marseille
- Marie-Christine Lombard, Directrice générale de Geodis
- Nicholas Giraud, Directeur stratégie et développement de Rail Logistics Europe
- Krishnaraj Danaradjou, Directeur général adjoint développement de HAROPA Port
Matthias Fekl, est revenu sur la situation géopolitique et les conséquences de l’effondrement du multilatéralisme sur les relations économiques interétatiques (exemple de l’organisation mondiale du commerce).
Laurent Livolsi, a insisté sur la particularité de la situation actuelle, avec un processus de désinstitutionnalisation. De nouveaux acteurs veulent changer les règles du jeu et tous les États qui s’engagent dans ces stratégies globales font de la logistique un levier majeur.
Marie-Christine Lombard a rappelé l’importance d’avoir des champions français de la logistique et d’intégrer la France dans une chaîne logistique globale.
Pour Nicholas Giraud, il faut être un acteur global tout en restant au plus près de ses clients. L’erreur, c’est d’opposer les modes entre eux.
Selon Krishnaraj Danaradjou, la stratégie des ports doit répondre à certaines nécessités : il faut rester connecté au monde (le port du Havre fait partie des 16 ports les mieux connectés au monde) et clarifier la feuille de route technologique.
Alexandre Saubot, Président de France Industrie
Selon Alexandre Saubot, plus que jamais la France a besoin d’industrie : l’industrie est l’instrument de l’exercice de la souveraineté.
Il est revenu sur les enjeux du secteur :
- la logistique doit être compétitive et ne pas générer de décalage concurrentiel ;
- il est nécessaire de décarboner car l’empreinte carbone des produits est très liée au transport ;
- l’organisation du territoire et les enjeux de planification : quand on installe une nouvelle usine, il faut prendre en compte la supply chain.
Il a également rappelé le lien indissociable entre industrie et logistique « On est rien sans vous et vice versa ».
Participants :
- Florence Robinet-Guentcheff, Directrice générale de Logistique Seine Normandie
- Olivier Barge, Directeur général de APRC
- Thibaut Guiné, Élu de la métropole de Nantes
Florence Robinet-Guentcheff a rappelé que l’État et les régions travaillent main dans la main sur le sujet logistique. Les communes ont souvent une vision très négative de la logistique (externalités négatives) et ne prennent pas toujours en compte son impact sur la performance industrielle.
Olivier Barge est revenu sur la sensibilité citoyenne sur la logistique. La logistique est une activité vitale : on n’a pas d’autres solutions que de transporter les marchandises et biens vitaux. L’objectif, c’est de faire mieux : implanter la logistique aux bons endroits, sur des bases plutôt grandes pour pouvoir développer le multimodal. Selon lui, la planification est essentielle pour améliorer la situation.
Thibaut Guiné est revenu sur la complexité, pour un élu, d’aborder la supply chain. Il a évoqué l’exemple de la mise en place de la zone à trafic limité à Nantes et l’importance de prendre en compte les spécificités des transporteurs (en autorisant le passage des camions de 12 mètres).
Sylvain Waserman, Président de l’ADEME
Pour Sylvain Waserman, la logistique cristallise les enjeux de la transition écologique. Il a notamment indiqué « on est tous le scope 3 d’un autre. La chaîne logistique est le scopé 3 de ses clients ».
Il constate une nouvelle ère dans la transition : on passe de l’ère des grandes intentions à l’ère des indicateurs chiffrés. Il a relevé que la chaîne logistique a un poids significatif et sa part à prendre dans l’objectif de décarbonation. Désormais, chaque secteur a un objectif.
Participants :
- David Belliard, Adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace public
- Jean-Baptiste Blanc, Sénateur du Vaucluse
- Sandra Marsaud, Députée de Charente
- Christine Arrighi, Députée de Haute-Garonne
David Belliard a insisté sur l’importance de la supply chain pour l’approvisionnement de nos villes.
Sandra Marsaud est revenue sur ses préconisations dans le rapport d’information sur les incidences du déploiement des grands entrepôts logistiques et, notamment, l’importance de prendre en compte une stratégie régionale spatialisée et la systématisation des connections au fret ferroviaire et fluvial.
Christine Arrighi a présenté la proposition de loi visant à instaurer un moratoire sur les projets d’infrastructures routières et autoroutières. Elle a insisté sur l’importance d’engager une réflexion forte sur nos mobilités, compte tenu de l’importance des enjeux climatiques.
Jean-Baptiste Blanc est revenu sur les travaux en cours au Sénat visant à adapter la législation relative au zéro artificialisation nette. Une proposition de loi sénatoriale a récemment été déposée. Les principales adaptations concernent :
- la simplification des modalités de comptabilisation de l’artificialisation ;
- l’assouplissement des objectifs intermédiaires à horizon 2031 ;
- la territorialisation des efforts pour renforcer l‘acceptabilité par les élus locaux
Participants :
- Pénélope Laigo, Directrice QHSE de FM Logistic
- Diane Strauss, Directrice du bureau français de Transport & Environment
- David Darrieussecq, Gérant de Transports Darrieussecq et Bleu Modal
- Aimeric Ramadier, Directeur stratégie et supply de TotalEnergies Marketing et Services
- Mourad Bensadik, Directeur exécutif supply chain France de Carrefour et Président de l’AUTF
Diane Strauss est revenue sur les textes européens fixant les objectifs de réduction des émissions et la trajectoire de verdissement des flottes. Elle a insisté sur l’effet de rythme du calendrier européen. Concernant le coût et l’autonomie des véhicules, elle estime que, d’ici à 2030, une parité entre le coût du camion diesel et le coût du camion électrique devrait être possible.
Selon David Darrieussecq, il est nécessaire d’engager une réflexion globale sur les flux, qui ne doivent pas être considérés en silo. À titre d’exemple, des actions ont été mises en œuvre dans son entreprise afin de mutualiser les flux amont et aval.
Pénélope Laigo a présenté l’approche FM Logistic qui se veut pragmatique et globale : sobriété, efficacité et passage au renouvelable. Elle a présenté les trois objectifs pour le transport (les « 3R ») : Réduire les kilomètres parcourus, Réduire les kilomètres à vide, Réduire les vides dans les kilomètres. Elle a également présenté la stratégie de pooling, solution qui permet aux industriels de regrouper et massifier leurs envois vers la grande distribution grâce à la mutualisation des infrastructures de stockage et des ressources logistique et transport.
Pour Aimeric Ramadier, le camion est la partie la plus complexe de la chaîne à décarboner. À date, 90 % des camions fonctionnent encore au diésel et autres biocarburants. D’importants travaux sont menés pour développer les projets de stations à hydrogène et l’installation des bornes dans les dépôts.
Mourad Bensadik a souligné l’ampleur du projet de décarbonation du secteur. Il est revenu sur le défi qui se présente à chacun des acteurs de la chaine de valeur et les leviers : pragmatisme, sobriété et intermodalité.
Participants :
- Guillaume Desvaux, Président d’AI Cargo
- Aymeric Daher, Senior VP logistics division de Daher
- Olivier Storch, Deputy CEO, CEVA Logistics
Selon Guillaume Desvaux, la logistique est du flux physique donc elle se modélise aisément. L’intelligence artificielle permet d’être plus performant, d’optimiser et de prédire. Ces innovations permettent de trouver des leviers pertinents aux grands enjeux de massification, mutualisation, développement du multimodal et maillage du territoire.
Aymeric Daher est revenu sur l’importance pour la filière de travailler en commun sur les grands enjeux de l’innovation à l’instar de ce qui est mis en place dans d’autres filières, comme l’aéronautique. Il a insisté sur l’importance de la collaboration et de la co-construction entre les acteurs pour définir ce que sera la logistique de demain.
Olivier Storch est revenu sur les gains de performance offerts par les nouveaux outils : la prévisibilité de la logistique, qui permet d’identifier les retards en amont. Dans les entrepôts, l’intelligence artificielle permet de contrôler en temps réel toutes les positions des palettes, de mesurer le dimensionnement des palettes avions et d’optimiser les plans de transport (jumeau numérique).