Retour sur la 4e journée de la filière logistique et transport de marchandises

Ce mercredi 12 novembre, se tenait la 4e édition de la « Journée de la filière transports de marchandises et logistique », organisée par France Logistique, dont l’Union TLF est membre fondateur. Les représentants des acteurs publics et privés se sont réunis pour échanger autour des enjeux de la filière.

Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, a donné trois priorités à cette journée :
- mettre en valeur une filière utile à tout le pays et essentielle pour sa résilience,
- alerter sur l’impératif de compétitivité de notre économie et de notre territoire,
- partager des propositions pour accroître la contribution de la filière aux performances économiques et environnementales de la France.



Le ministre de Transports, Philippe Tabarot, a rappelé son engagement pour défendre la compétitivité de la filière transport et logistique, “pilier essentiel pour l’emploi et l’attractivité de nos territoires”.
Il a insisté sur le besoin de stabilité et de visibilité notamment en matière fiscale et confirmé son soutien à la filière contre toute hausse de la fiscalité applicable au b100 et toute extension de la tascom (taxe sur les surfaces commerciales) aux entrepôts.
Enfin, il a indiqué qu’il présenterait en début d’année 2026, une loi cadre dédiée au transport au Parlement.



Dans son discours, Clément Beaune, Haut-Commissaire à la Stratégie et au Plan, évoque les défis à venir : attirer et former les talents, réussir la transition énergétique, renforcer la compétitivité.



Participants :
- Christophe Coulon, vice-président de la région Hauts-deFrance
- Jean-Pierre Serrus, maire de La Roque d’Anthéron (13), viceprésident de la région Sud – PACA
- Claire Merlin, directrice générale des Ports de Strasbourg
- Romain Maillot, délégué général au développement de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône
Christophe Coulon rappelle le rôle central de la logistique en Hauts-de-France, première région d’entreposage avec 100 000 emplois. Il met en avant la plateforme multimodale Delta 3 comme un succès né d’une crise industrielle, rendue possible par une offre multimodale complète (route, rail, voie d’eau) et un pôle tertiaire performant. Il souligne la nécessité de déréglementer pour gagner en rapidité, estimant que la législation actuelle paralyse l’action et fait perdre du temps dans un contexte de concurrence mondiale.
Jean-Pierre Serrus présente plusieurs des actions déjà réalisées dans le cadre du Plan Régional de la Logistique de la Région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il rappelle les 4 défis relevés par ce plan : la neutralité carbone, la sobriété foncière et énergétique, la robustesse des chaînes logistiques multimodales et l’exemplarité de la logistique du premier et du dernier kilomètre. Il souligne le rôle de la région dans l’accompagnement des projets hyper-territoriaux, illustré par le Festival d’Avignon, où la coordination des acteurs a permis d’optimiser le transport des décors.
Claire Merlin insiste sur l’importance de s’appuyer davantage sur les ports intérieurs en coopération avec les collectivités. Elle souligne la nécessité de développer les zones portuaires, de fédérer les acteurs pour massifier les flux et d’apporter des solutions clés en main aux territoires.
Romain Maillot souligne que la réussite du plan logistique repose sur la mise en place d’un véritable dispositif foncier. Sans cela, les entrepôts ne seront pas implantés là où les besoins se situent, entraînant un allongement des distances de transport et une augmentation du nombre de camions sur les routes.



Participants :
- Anne-Marie Jean, conseillère municipale de Strasbourg, viceprésidente de l’eurométropole de Strasbourg
- Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux (38), viceprésident de Grenoble Alpes métropole, président du syndicat mixte des mobilités de la métropole de l’aire grenobloise
- Jonathan Sebbane, directeur général de Sogaris
- Christophe Ripert, vice-président d’Afilog
- Laetitia Dablanc, directrice de recherche à l’Université Gustave Eiffel, directrice de la chaire Logistics City
Anne-Marie Jean revient sur les enjeux de la logistique urbaine : urbanisme, économie, qualité d’emploi, attractivité des commerces, qualité de l’air… mobilisant acteurs publics et privés. Elle met en avant la nécessité d’une approche intégrée, tout en alertant sur les blocages que constituent des documents d’urbanisme trop lourds, longs à réviser et dont les périmètres ne correspondent pas toujours aux besoins réels. La bonne façon de travailler est de travailler sur l’ensemble des enjeux en concertation avec les acteurs concernés. Début 2023, une feuille de route a été réalisée sur la logistique.
Sylvain Laval alerte sur le besoin de 24 hectares de foncier d’ici dix ans pour maintenir l’activité économique et interroge la manière de réorganiser l’espace existant. Il souligne la dynamique créée par le programme InterLUD grâce au travail de concertation avec la filière qui a abouti sur une feuille de route avec le territoire. Il rappelle que la dynamique est lancée et que l’enjeu principal réside désormais dans la mise en œuvre concrète des actions prévues.
Jonathan Sebbane appelle à une lucidité sur la situation difficile de l’immobilier logistique, marqué par un effondrement des transactions. Il développe ensuite sa vision de la logistique urbaine qu’il décrit comme multiple et non comme un modèle unique : chaque projet implique des besoins différents qui appellent des adaptations spécifiques des sites.
Christophe Ripert souligne la mauvaise conjoncture de l’immobilier logistique et s’interroge sur les moyens d’inverser la tendance. Il rappelle qu’il y a de nombreux projets qui existent, mais que certains peinent à se commercialiser en Île-de-France en raison de recours.
Laetitia Dablanc partage que dans son laboratoire, une vingtaine de chercheurs spécialisés en logistique urbaine ont été formés. La formation des experts dans ces domaines est essentielle. Cela est devenu une thématique de formation à tous les niveaux. Cela nous mobilise tous aujourd’hui. Elle rappelle l’importance de mobiliser les outils disponibles pour structurer la logistique urbaine.




Gérard Mestrallet présente l’IMEC, le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe, conçu pour renforcer et fluidifier les flux de transport. Il en décrit les objectifs géostratégiques : rapprocher l’Inde de l’Occident tout en la distançant de la Chine et de la Russie. Ainsi que les enjeux économiques liés à la croissance du commerce entre l’Inde et l’Europe, nécessitant une chaîne logistique plus solide. Il rappelle enfin que l’essor attendu des flux rend les enjeux logistiques majeurs et souligne le rôle déterminant de l’énergie verte pour l’avenir de la filière.

Participants :
- Général Fabrice Feola, commandant le centre du soutien des opérations et des acheminements (état-major des armées)
- Pascal Le Guevel, CEO de l’aérien, l’océan et douane, CEVA
- Sarah Amri, directrice de la stratégie, port de Marseille-Fos
- Marie Lebec, députée des Yvelines
Le général Fabrice Feola explique que les menaces actuelles obligent la logistique à renforcer sa capacité d’adaptation. Les organisations doivent évoluer vers un mode plus opérationnel, avec une multimodalité permettant plusieurs options d’acheminement. Il souligne la nécessité de moderniser les systèmes d’information, d’améliorer la sûreté et de simplifier les autorisations de passage pour gagner en réactivité.
Pascal Le Guevel rappelle que les crises récentes ont mis en lumière le rôle essentiel de la logistique pour maintenir les approvisionnements et les livraisons. Il souligne la nécessité d’adapter rapidement les itinéraires et de proposer des solutions logistiques intermédiaires. Selon lui, la clé pour traverser les crises est la capacité d’anticipation, notamment grâce aux outils numériques.
Sarah Amri revient sur la stratégie du port de Marseilles-Fos pour faire face aux différentes crises. Elle insiste sur l’importance de l’anticipation, grâce notamment à des études de vulnérabilité qui permettent d’améliorer les équipements. Concernant les crises géopolitiques, elle souligne leur imprévisibilité et la nécessité d’être polyvalent en renforçant la logistique multimodale.
Marie Lebec estime que les objectifs ambitieux fixés au niveau européen doivent s’accompagner de moyens d’action réels, notamment via la commande publique, afin de permettre à l’État et à l’Union européenne d’atteindre leurs objectifs.



Participants :
- Lucie Muniesa, Directrice du Développement Durable et des Affaires Institutionnelles, PAPREC
- Jérôme Rouge, président, la Fabrique de la Logistique
- Fabrice Gachon, directeur général, Europa Course
- Romain Thenard, directeur supply chain, Autodistribution
Lucie Muniesa souligne les avancées réalisées par Paprec, avec des collectes ménagères désormais 100 % électriques et évoque les investissements engagés dans des véhicules moins polluants, l’éco-conduite, l’optimisation des tournées, les carburants alternatifs et le report modal.
Jérôme Rouge présente le programme Marguerite, piloté par la Fabrique de la Logistique, qui accompagne les artisans et commerçants confrontés aux difficultés de circulation et de stationnement en centre-ville. Impliqué auprès des artisans et commerçants, le programme affiche un taux de transformation de 1 sur 3.
Fabrice Gachon explique que la transformation de l’économie impacte directement le secteur : pression des donneurs d’ordre pour des prix toujours plus bas, attente des consommateurs pour des livraisons rapides et contraintes réglementaires et environnementales croissantes. Il rappelle que les PME de la filière, déjà parmi les entreprises aux plus faibles marges en France, doivent en permanence prioriser et aller à l’essentiel. Selon lui, la clé pour permettre leur adaptation réside dans une stabilité réglementaire et une vision de long terme.
Romain Thénard constate le vieillissement du parc automobile qui fait baisser la valeur des véhicules et l’électrification qui impose d’adapter l’offre et les services. Pour gagner en efficacité, il met en avant l’usage d’outils numériques, comme un portail permettant aux garagistes d’identifier rapidement leurs besoins, les prix et la disponibilité des pièces. Il souligne l’importance d’adapter les schémas de distribution urbains à la nature des marchandises transportées.


François Bottin, directeur du digital et de la technologie, Geodis

François Bottin explique que Geodis opère avec un écosystème IT très fragmenté. L’entreprise a lancé une approche data reposant sur une plateforme interne afin de conserver la maîtrise complète des données. Il met en avant l’utilisation d’un GPT interne, performant et totalement sécurisé. Sur la cybersécurité, Geodis a engagé un plan d’investissement sur trois ans, renforcé avant les JO.
Romain Canler, directeur général, Agence du don en nature

Romain Canler, décrit une logistique entièrement dédiée à la solidarité. L’Agence du Don en Nature collecte puis redistribue des produits de première nécessité à d’autres structures. Il souligne la difficulté de prévoir les volumes reçus et les besoins à couvrir, ce qui impose une chaîne logistique très souple, réajustée en permanence.
Tristan Bourvon, coordinateur Logistique et Transport de Marchandises, Ademe

Tristan Duruisseau souligne que les collectivités s’emparent désormais pleinement du sujet de la logistique urbaine. Il met en avant les solutions pour circulariser les emballages et indique que deux projets ont été financés pour accélérer leur traçabilité et éviter les pertes.
Adrien Duruisseau, directeur des opérations, Atoptima

Adrien Duruisseau explique que l’enrichissement des IA permet d’optimiser l’existant, notamment en réduisant les temps de transport et en aidant à prendre des décisions complexes. Il souligne que les projets existent, mais que leur mise en œuvre est souvent difficile. Atoptima accompagne ces projets grâce à des simulations basées sur les données historiques pour définir les bonnes priorités.
Gérard Leseul, député de Seine-Maritime


En clôture, Anne-Marie Idrac partage les conclusions qu’elle tire de la journée : la logistique apparaît plus que jamais comme une activité de production et une ressource stratégique. Elle souligne à une approche pragmatique, notamment pour la décarbonation, inévitable mais longue et coûteuse, qui repose avant tout sur une meilleure organisation. Elle note également la complexité du foncier, désormais un frein majeur. Enfin, elle se félicite de la dynamique de travail collectif engagée avec les ministères.


