Retour sur les temps forts des Assises de l’économie de la mer avec TLF Overseas !
La 19ème édition des Assises de l’économie de la mer s’est tenue au Palais des Congrès de Bordeaux, avec pour thématique centrale la transition de l’économie maritime. Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine et Pierre Hurmic, maire de Bordeaux ont rappelé l’importance stratégique de l’économie maritime pour leur territoire. Le maire de Bordeaux a notamment évoqué les initiatives engagées en faveur de la décarbonation du fret fluvial.
Antoine Pellion, secrétaire général à la planification écologique, a rappelé que les scénarios sont en faveur d’une croissance du trafic des marchandises et que la Stratégie Nationale Bas Carbone vise une réduction de 9 millions de tonnes de GES pour le transport maritime. Le mix énergétique français est carboné et dépendant aux exportations. Les biocarburants issus des terres agricoles, des forêts et des résidus, permettront d’atteindre les objectifs de réduction de GES en 2030 mais resteront insuffisants pour ceux de 2050.
Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables, a exposé les trois leviers de réduction des GES : moins consommer, électrifier les usages et utiliser des bioénergies, bien que la quantité disponible associée soit limitée.
Pierre Eric Pommellet, président du Gican et président directeur général de Naval Group, estime que la réduction des émissions de GES par les navires passe par plusieurs moyens : les économies d’énergie, l’efficacité énergétique, les énergies alternatives (carburants), le développement de la propulsion nucléaire ou encore le vélique. Aujourd’hui les technologies de propulsion sont relativement duales (exemple : navire compatible fioul lourd et méthanol).
Édouard Louis-Dreyfus, président d’Armateurs de France, considère que les armateurs doivent bénéficier d’un cadre règlementaire stable et de visibilité. La filière doit déjà relever le défi de réduction de 40% de ses émissions de GES en 2030.
Nathalie Mercier-Perrin, présidente du Cluster Maritime Français, estime que la décarbonation du transport maritime est un enjeu de compétitivité qui doit passer par la transformation des ports.
Rodolphe Gintz, directeur général des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM), a souligné que les ports devront faire face à l’élévation du niveau des eaux, notamment en Outre-Mer. Ces poumons industriels, responsables de plus de la moitié des émissions nationales, doivent développer la production d’hydrogène vert et de CO2 capté pour les électro-carburants. Sur la zone d’Haropa, 2,7 milliards d’euros d’investissements privés ont été annoncés pour développer l’hydrogène vert, le lithium et le méthanol.
Jean-Pierre Chalus, président de l’Union des Ports de France, plaide pour qu’une partie des recettes issues de l’ETS maritime soit fléchée vers les ports. Les projets stratégiques incluent largement la décarbonation des installations portuaires et des activités économiques associées : développement de la multimodalité pour les conteneurs, transport de produits pétroliers par voie ferroviaire, production de SAF…
Louis Jonquière, président de l’Union nationale de la manutention dans les ports français (UNIM), souhaite que les bords à quai soient préservés pour accueillir les futurs volumes de marchandises. Les opérateurs de manutention investissent dans la décarbonation de leurs outils de production, avec la mise en place d’un rapport d’émissions carbone standardisé.
Claire Merlin, directrice générale du Port Autonome de Strasbourg, souligne le rapprochement des modèles économiques des ports maritimes et intérieurs, avec une priorité croissante accordée à la multimodalité. Connecté aux flux logistiques du Rhin (330 millions de tonnes transportées), le port s’appuie sur deux axes stratégiques : transition écologique et multimodalité. Labellisé Zone Industrielle Bas Carbone (ZIBAC), la zone industrialo-portuaire a intégré une logique d’écologie industrielle pour réduire l’impact environnemental de ses activités.
Rodolphe Saadé, président-directeur général du groupe CMA CGM, a réaffirmé son engagement auprès du gouvernement concernant la contribution exceptionnelle demandée à son groupe.
Il a également assuré de sa volonté de maintenir les activités de CMA CGM en France, tout en poursuivant le renforcement du groupe à l’échelle mondiale afin de rester compétitif face à la concurrence internationale. Le fonds PULSE, doté d’1,5 milliards d’euros, vise à accélérer la décarbonation de l’ensemble des activités du Groupe CMA CGM et de sa chaîne de valeur. Les investissements dans les hubs antillais seront maintenus.
Par ailleurs, CMA CGM a signé un partenariat concernant l’intelligence artificielle avec Google. L’objectif est de mieux anticiper les besoins des clients, d’optimiser les opérations et de proposer des outils aux collaborateurs.
Fabrice Loher, ministre délégué chargé de le Mer et de la Pêche, a souligné l’importance de la maîtrise des chaînes logistiques, qui garantissent les approvisionnements de l’économie française (biens de consommation courante, énergie). Il a notamment annoncé un nouvel appel à projets, destiné à soutenir l’innovation relative à la décarbonation des navires. Il a également indiqué qu’une partie des fonds issus de la taxe carbone (ETS) serait affectée à la décarbonation du secteur.
Fabrice Loher, ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche et Nathalie Mercier-Perrin, présidente du Cluster Maritime Français ont présenté la mise à jour de la feuille de route de décarbonation de la filière maritime . Elle fixe des objectifs de réduction de GES pour le secteur à échelle nationale et expose les principaux leviers de décarbonation par type de flotte.
Remise de la feuille de route décarbonation au ministre Fabrice Loher
François Guerin, directeur général des Terminaux de Normandie, Groupe MSC, a partagé ses inquiétudes concernant l’impact du système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne (ETS) sur les relocalisations de flux portuaires, notamment dans les ports anglais.
TNMSC souhaite accroître la part modale fluviale sur son terminal et réfléchit à l’organisation de navettes maritimes sur la façade Atlantique. MSC devrait multiplier par 3 la densité de stockage au Havre à la suite de ses investissements.
Les systèmes d’aide à la pince belge et hollandais sont beaucoup plus favorables que le système français : un opérateur peut toucher 3 à 4 fois plus de subventions de la part de l’Etat. Pour François Guerin, la mutualisation des THC (Terminal Handling Charges) n’est pas un sujet puisque 90% des surcoûts sont facturés à l’armateur.
Matthieu Blanc, directeur métier fluvial groupe de Sogestran, rappelle que l’accès direct à Port 2000 pour le fluvial est une priorité et pourrait fortement contribuer à l’augmentation de l’offre de cale.
Romain Maillot, délégué général au développement de l’axe Méditerranée Rhône Saône (MERs), estime que le recours aux modes massifiés est une affaire de compétitivité prix et de qualité de service. La mutualisation des THC (Terminal Handling Charges) serait bénéfique pour les flux en merchant haulage. L’attractivité de l’axe MERs dépend aussi de sa numérisation, qui offre une vision temps réel des mouvements de marchandises et permet d’optimiser les mouvements à quai. La solution de suivi des marchandises sera bientôt étendue aux trafics vracs.
Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance de Britanny Ferries, annonce le lancement de nouvelles lignes ferroviaires entre Cherbourg et Bayonne, ce qui permettra d’accroître l’hinterland du port de Cherbourg vers l’Espagne. Un terminal a Mouguerre sera créé.
Pascal Marty, président du directoire de la Société portuaire Port de Bayonne, annonce 10 milliards d’investissements en faveur du ferroviaire, avec des infrastructures permettant d’accueillir 2 trains de 750 m de long. L’objectif est de relier le port au Nord de l’Europe, puisque les écartements de rail du réseau espagnol ne permettent pas de connexions évidentes.
Guillaume Le Grand, co-fondateur et président de TOWT, souligne que le transport vélique permet d’éviter les congestions portuaires, à travers l’utilisation de ports secondaires. Par ailleurs, il est essentiel de mesurer l’impact GES de cette approche par rapport à un mode de transport maritime plus classique.
Lise Detrimont, déléguée générale de l’Association Wind Ship, insiste sur le fait que la performance englobe à la fois les sujets règlementaires et économiques. En effet, le cadre règlementaire doit être adapté au vélique en vue de son développement.
Patrick Martin, président du MEDEF, considère que les façades maritimes françaises sont insuffisamment exploitées. L’économie bleue représente 500 000 emplois dans des domaines aussi variés que la construction navale, les industries nautiques de plaisance et le transport maritime, qui s’inscrivent dans une compétition mondiale. Les entreprises françaises ont besoin de lignes maritimes, d’où l’importance de préserver les fleurons de notre économie. A ce titre, le MEDEF a pu porter la voix de grands acteurs de l’industrie comme CMA CGM dans le débat budgétaire. Patrick MARTIN estime que la France n’a pas suffisamment tiré partie de ses ports, qui ont pourtant un potentiel de développement important.
Nathalie Mercier-Perrin, présidente du Cluster Maritime Français, rappelle que 9 produits consommés sur 10 ont transité par la mer. Le transport maritime et les ports sont la colonne vertébrale de l’économie française.