Note économique : conjoncture des transports routiers de marchandises
Après une embellie passagère en juin, le climat des affaires sectoriel s’est à nouveau détérioré aux mois de juillet et août. Si l’indicateur de l’activité passée est encore favorable en août, celui de l’activité à venir est nettement retombée. Dans ce contexte, l’emploi sectoriel ne repart pas, les trésoreries demeurent sous pression et les défaillances sont encore nombreuses. Point positif et encourageant : l’investissement des entreprises de TRM affiche un signe de reprise.
En cette rentrée, l’économie nationale ne redécolle pas encore
Confrontée aux turbulences commerciales et géopolitiques mondiales, l’économie française fait preuve de résilience. Son PIB s’est avéré plus dynamique que prévu au 2e trimestre (+0,3 % t/t, estimation provisoire). L’embellie n’est pour autant qu’apparente : elle tient surtout aux stocks aéronautiques et, dans une moindre mesure, automobiles. Inversement, la demande intérieure a été atone sur l’ensemble du semestre.
Avec un acquis de croissance du PIB de 0,5 % à mi-année, l’objectif gouvernemental de 0,7 % pour 2025 reste à portée.
Soutien inattendu : entre janvier et juillet, le prix du Brent a reculé de 10 % en dollars et de 20 % en euros, ce qui apporte de l’air au pouvoir d’achat des ménages comme aux marges des entreprises.
Le moral des dirigeants demeure néanmoins dégradé. À 95,8 points en août, l’indicateur synthétique du climat des affaires français se maintient sous sa moyenne de long terme pour le 17e mois consécutif, sans signe de redressement imminent.
TRM : une embellie estivale vite retombée
Collectivement, les dirigeants du TRM ont témoigné d’une activité bien orientée cet été. Leur solde d’opinion portant sur les volumes récents s’est nettement amélioré. L’indicateur synthétique du climat des affaires sectoriel était d’ailleurs repassé momentanément au-dessus de sa moyenne historique en juin (102,1 points).
Cette amélioration ne serait qu’éphémère. Les anticipations de demande sont retombées en août. L’indicateur synthétique de climat des affaires sectoriel a suivi le mouvement. Il est repassé sous sa moyenne historique en juillet et s’étiole à nouveau en août (97,2 points).
Les trésoreries demeurent fragiles
Le solde d’opinion sur la trésorerie des entreprises TRM, mesuré tous les mois par la Banque de France, ne se redresse toujours pas.
Ce même solde sur la trésorerie, cette fois mesuré par l’Insee tous les trimestres, est lui modestement remonté en juillet. Il demeure toutefois nettement en deçà de sa moyenne de longue période.
Des défaillances encore nombreuses
Le secteur « Transport et entreposage » (section H de la nomenclature des activités françaises, qui comprend les transports de fret et de passagers) endure toujours une vague de défaillances plus prononcée que dans le reste de l’économie nationale. L’écart défavorable avec le reste de l’économie s’est d’ailleurs accentué cet été.
Le cabinet Ellisphere, à la demande de l’Officiel des Transporteurs, a dénombré 632 entreprises du TRM ayant ouvert une procédure collective au 1er trimestre 2025. Les défaillances du secteur auraient légèrement reflué au 2e trimestre, à en croire les résultats du cabinet Altares (-3 % sur un an).
L’investissement remonte
Point positif à ce tableau morose : les entreprises du TRM relancent des projets d’investissement ; le solde d’opinion correspondant a retrouvé sa moyenne de longue période en juillet.
La moitié des dirigeants du TRM déplorent une insuffisance de la demande (47 % en juillet). Il s’agit là d’une proportion relativement stable depuis un an et demi. A titre de comparaison, cette part était d’environ un tiers en 2019.
L’emploi du TRM ne se reprend toujours pas
Fin mars, les entreprises des transports routiers de fret ont employé 425 800 salariés (cvs-cjo). Cet effectif est stable sur un an (-0,1 %) mais en retrait de 1,1 % sur deux ans.
Les difficultés à recruter se sont atténuées, bien qu’elles soient encore importantes pour les embauches de conducteurs. En juillet, le tiers des dirigeants du TRM ressentait des difficultés à en recruter (35 %), contre moins d’un cinquième pour le personnel non roulant (16 %).
Les soldes d’opinion sur l’emploi, passé et à venir, pointent vers une évolution encore défavorable des effectifs au 2e trimestre et à la rentrée. En cela, le secteur suit la dynamique nationale du marché du travail.
Ce regain est facilité par la décrue du coût des emprunts bancaires, depuis un pic atteint début 2024. En juin, les taux des nouveaux crédits aux entreprises, tous secteurs d’activité confondus, n’était plus que de 3,6 %, soit 1,2 point de moins qu’en juin 2024.
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